Chroniques Concerts

Peter Hammill - Paris La Maroquinerie 13 Mai 2006

Posté par : Jérôme Florio le 14/05/2006

Il fallait ariver à l'heure samedi soir pour ne rien manquer du concert. Je me félicite d'avoir dérogé à mon habitude d'arriver systématiquement au moins trente minutes après l'horaire annoncé - ce qui ne m'a pas empêché de louper une partie du premier titre...

La Maroquinerie est en configuration assise, un bon choix car le peu de notoriété dont jouit ici Hammill ne lui permet pas de remplir une salle de 500 places. Le public, bien installé, est très attentif : relativement peu de jeunes gens, la moyenne d'âge tourne autour de la quarantaine bien tapée (indice de pollution tabagique quasi nul). Tous se sont délestés de 25 € pour voir l'anglais Peter Hammill, qui mène de front depuis la fin des années soixante une carrière en solo et avec son groupe classé "rock progressif" Van Der Graaf Generator. Un songwriter prolifique, qui n'a jamais cessé de produire au moins un disque par an.

Personnellement, je ne possède que "Nadir's big chance" (1974), acheté après en avoir lu la chronique dans un Rock'n Folk. Un album dense et agité, qui préfigure le Bowie de "Station to station" jusqu'à la trilogie berlinoise. On se demanderait presque lequel a influencé l'autre... y compris le trémolo de la voix, qui évoque jusqu'à Billie McKenzie (The Associates) dix ans plus tard.

Ce n'est pas vraiment d'une allure de dandy obscur que Peter Hammill monte sur scène : physique sec, maintien raide (une ressemblance avec Michael Palin des Monty Python), vêtu d'un jean blanc et d'une chemise à manches courtes, qui porte encore les marques des plis pour aller dans la valise. Installé derrière son clavier (on aurait préféré le son d'un vrai piano, tant pis) ou à la guitare acoustique, il est accompagné par le violoniste Stuart Gordon, qui suit fidèlement le tracé de compositions bâties comme des bâtisses victoriennes : pas tout à fait symétriques, austères mais ornementées de balustrades sculptées, avec des excroissances baroques qui peuvent se rajouter sur la façade à tout moment. On pense au John Cale débranché de "Fragments of a rainy season", mais sans que ce dernier ne simule les accès de fièvre. Entre les titres, Peter Hammill est détendu, modeste et souriant, cause au public avec un assez bon français : une normalité qui s'effrite quelque peu quand il se met à chanter. Hammill met beaucoup d'intensité dans son interprétation, joue avec sa voix qui peut passer de l'aigu au guttural, module des phrases comme un chanteur arabo-andalou.

Fort d'une longue complicité avec Gordon, il sait ménager des effets théâtraux, use d'un ton doux ou autoritaire pour bercer l'oreille ou laisser l'auditeur au bord du précipice. Avant le rappel, Hammil joue une chanson écrite à Paris, "Stranger still", qui se conclut sur ces quelques mots scandés a cappella : "A stranger / a worthy man". Peter Hammill, un artiste méconnu à découvrir.

Setlist :
Siren Song / Nothing Comes / A Better Time / Gone Ahead / Comfortable / Shingle Song / Driven / Like Veronica / If I could / Patient / Bubble / Faculty X / A Way Out / Stranger Still // Vision